AEROECO'

Economie : la part du vrai et du faux
(extraits de ULM, du rêve à la pratique)

Si un ULM rudimentaire peut représenter un faible investissement, le faire voler peut paradoxalement revenir cher : comptez vingt à vingt-deux litres pour cents kilomètres ! Voilà qui relativise la notion d'ULM basique...

L'autonomie vraie d'un ULM n'est pas celle qui apparaît au vue d'une simple règle de trois. Et comme un regrettable cercle vicieux, plus les performances sont faibles, plus l'autonomie est réduite et moins le vol est efficace. En effet, le calcul qui détermine cette efficacité intègre des valeurs constantes incompressibles (ou très peu) qui affectent d'autant plus les résultats que la machine est peu performante. Un temps de chauffe de 4 minutes suivi d'un roulage de 2 minutes représentent 6% du temps de vol maxi, et environ 4% du carburant qu'embarque notre petit ULM d'étude. Deux tours de piste (décollage, intégration, atterrissage) représentent 12% de son autonomie (temps et carburant). En cas de vent contraire, ces valeurs augmentent notablement : pour 30 km/h de face, tours de piste, chauffe et roulage représentent 24% de l'autonomie totale. Sur un ULM rapide (150 km/h, 14 l/h, 50 l embarqués), le cumul de ces valeurs n'atteint pas 5% sans vent, et 6,5% avec vent. Donc si la météo est facétieuse, le petit ULM se contentera de sauts de puce, compliquera notablement vos avitaillements et engouffrera vos économies en carburant...

Si l'ULM consomme 15 l/h en croisière à 100 km/h et qu'il emporte 30 litres de carburant, les étapes peuvent faire 200 km, CQFD ! Voilà la parfaite équation pour aller au tapis... Parce que l'ULM qui vole à 100 km/h ne fait pas une moyenne de 100 km/h (décollage, montée, approche, tour de piste...), parce que sa consommation de carburant a commencé bien avant de décoller, parce que l'étape de 200 km mesure en réalité 215 km (tours de piste décollage et atterrissage) et enfin parce que si le vent s'en mêle, l'ULM peut voler à 50 km/h sol (ou à 150 km/h), qu'un vent de travers fait consommer davantage... Bref, le bilan carburant tient compte d'une autonomie minorée (il doit rester au minimum 15 minutes de vol dans le réservoir après l'atterrissage, temps de décollage, consommation maximale et non moyenne...). Avec ces nouveaux paramètres (mais sans vent), notre ULM volera approximativement une heure trente, soit une étape de 120 km. Déçu ?
Par vent de face, il faut augmenter la vitesse relative. Exemple chiffré : notre ULM consomme 15 l/h en croisière à 100 km/h, ou 18 l/h à 120 km/h. Si le vent est de 40 km/h, L'ULM va parcourir une étape de 65 km en 1h29' (22,2 litres de jus) à régime de croisière, contre 1h06' (et 19,8 litres) à vitesse maxi. Dans cette configuration météo, l'étape maximale ne fait plus que 87 km !
La consommation est fonction de nombreux paramètres (type d'appareil, choix d'hélice, réglages moteur, configuration de vol...). Vous devez déterminer votre consommation moyenne. C'est très simple : remplissez à fond le réservoir et volez. Après le vol, il suffit de mesurer précisément la quantité de carburant manquante (L). La formule magique est alors C = L ÷ (Tv ÷ 60), ce qui permet de connaître la consommation, ou L = C x (Tv ÷ 60) pour connaître le volume de carburant à emporter ; (C consommation en litres/heure ; L litrage ; Tv temps de vol en minutes).

Les économies qu'on réalise lors les activités de loisir ne sont parfois qu'apparentes. En effet, il est tentant de s'épargner le coût d'une taxe d'atterrissage d'un aérodrome contrôlé et de préférer le terrain d'ULM charmant et gratuit posé en pleine pampa. Mais si la balade avait pour but un gueuleton, et qu'il faut affréter un taxi pour se rendre au village voisin, mieux vaut vérifier que l'aérodrome possède son propre restaurant. De même pour l'essence, si chère dans les stations de piste ; combien coûte-t-elle réellement quand vous la rapportez du centre commercial voisin, avec les frais de déplacement ? Mieux vaut parfois faire simple, ce qui au final devient économique.
Extraits du livre "ULM : du rêve à la pratique"